Doit-on rééquilibrer les portefeuilles dans le temps ?
Quelle est la stratégie la plus efficace entre :
- une stratégie passive (qui consiste à ne pas modifier la composition du portefeuille pendant la période d’investissement),
- un rééquilibrage mensuel,
- un rééquilibrage annuel du portefeuille ?
L’étude de février 2018 “PERFORMANCES COMPARÉES DE DIFFÉRENTES STRATÉGIES D’ÉPARGNE SUR SUPPORTS FRANÇAIS” réalisée par PIERRE-EMMANUEL DARPEIX et NATACHA MOSSON amène à la conclusion suivante :
“Afin de mieux représenter la situation d’un épargnant cherchant à se constituer un patrimoine financier au cours de sa vie, nous avons étudié les performances d’un flux d’épargne récurrent pour les comparer aux rendements d’un investissement ponctuel en début de période. Les résultats montrent que les comparaisons de performance de différents supports pour un investissement ponctuel s’avèrent peu utiles pour orienter un épargnant
souhaitant mettre en place une stratégie d’épargne régulière.
D’autre part, nous souhaitions aborder la possibilité pour l’épargnant de se constituer un portefeuille mixte (composé d’actions et d’obligations). Après avoir opté pour la constitution d’un portefeuille mixte, l’épargnant a encore schématiquement deux options :
- affecter en début de période son capital sur les supports actions et obligations et laisser la composition de son portefeuille fluctuer au gré des performances des deux supports (appelée stratégie passive) ; ou
- décider de conserver une même proportion d’actions et d’obligations dans son portefeuille (une même exposition aux différents risques), et donc procéder à des rééquilibrages réguliers.
Que ce soit pour un investissement ponctuel en début de période ou un effort d’épargne continu, le fait de rééquilibrer son portefeuille tous les ans afin de conserver, après chaque année écoulée, la même composition initiale du portefeuille semble être une stratégie gagnante, dans la mesure où elle induit un comportement contracyclique. Ainsi, dans le cas d’un investissement ponctuel en début de période pour une durée de 10 ans, le
rendement annualisé de la stratégie de rééquilibrage annuel a été en moyenne de 6,4 % contre 6,2 % pour la stratégie de rééquilibrage mensuel et 5,9 % pour la stratégie passive.
Nous montrons également que la prise en compte des frais et de la fiscalité ne modifie pas les principales conclusions évoquées plus haut. Dans le cas d’un investissement ponctuel en début de période pour une durée de 10 ans, le rendement annualisé de la stratégie de rééquilibrage annuel a été en moyenne de 3,6 % contre 3,4 % pour la stratégie de rééquilibrage mensuel et 3,2 % pour la stratégie passive.
Enfin, une description graphique de l’impact des différents frais et de la fiscalité permet de mettre en avant l’importance des frais courants et de la fiscalité dans la détermination de la performance de l’investissement.
Ce travail constitue une première étape qui pourrait être complétée ultérieurement par exemple avec un prolongement sur des données autres que françaises afin d’élargir l’univers d’investissement et de savoir si les résultats obtenus peuvent être généralisés, notamment dans le cadre d’un portefeuille diversifié géographiquement (dans la zone euro voire au-delà). Il serait aussi intéressant de considérer un placement immobilier comme investissement alternatif. Les effets stabilisateurs ou au contraire déstabilisateurs des comportements agrégés des ménages pourraient faire l’objet d’une analyse spécifique. Enfin, on pourrait comparer les résultats obtenus de manière statistique avec les résultats issus de simulations de type Monte Carlo.”